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"Free Speech Fear Free", un documentaire sur la liberté d'expression

Un documentaire classique, mené par un très jeune réalisateur dont on saluera l’entreprise, mais qui ne dépasse pas la forme et le fond d’un exposé scolaire bien mené.

A 15 ans, le jeune britannique Ramsay Tarquin demande à son père ce que signifie la liberté d’expression. C’est le premier pas vers une quête qui durera 5 ans, et dont l’aboutissement sera un film documentaire qui tente d’apporter une réponse à cette question première.

Dans les rues de Londres, Amsterdam, Berlin, et jusqu’aux Etats-Unis, Ramsay Tarquin est allé à la rencontre d’activistes en exil, de journalistes, de hackers, de spécialistes de la communication tels que Julian Assange, fondateur, rédacteur en chef et porte-parole de Wikileaks, mais a également donné la parole à des jeunes de sa génération – ses propres camarades de classe – et de la suivante: Niamh Barreto, fille de Diani Barreto, activiste, qui promène ses onze ans du Teufelsberg jusqu’au cabinet de monstres à Berlin, en éclairant Ramsay de ses idées autour de l’ère de la surveillance.

Le résultat est un documentaire classique dans sa forme, composé essentiellement de ces interviews et de quelques images d’archives souvent très pixélisées montrant des forces de police à l’œuvre, des manifestations en Biélorussie, des extraits de la marche parisienne après l’attentat de Charlie Hebdo, et des pigeons volant au ralenti vers la liberté.

Papa, c’est quoi la liberté d’expression?

On peut saluer la détermination et le professionnalisme du jeune Tarquin dans son désir de pousser la réflexion le plus loin possible autour de l’une des thématiques fondamentales de notre société. Mais le documentaire ne dépasse pas réellement la forme d’un exposé bien mené et Tarquin ne parvient pas à réellement passionner le spectateur. Si chaque interviewé a son mot à dire, il y a parfois une impression de répétition d’un entretien à l’autre, et les illustrations manquent, tout comme la variété dans les exemples. Cela est évidemment dû au petit budget et à la jeunesse du réalisateur, mais il est dommage de n’être pas allé plus loin, hors des pays occidentaux, pour donner à voir d’autres manières d’atteindre à la liberté d’expression – en Asie, au Moyen-Orient, en Afrique…

Le montage aurait également pu être plus efficace et choisir de croiser les interviews autour de thématiques ciblées, ainsi que le fait Tarquin lorsqu’il pose sa dernière question et nous montre les silences de ses interlocuteurs, occupés à réfléchir à leur vision d’un monde dans lequel la liberté d’expression serait absolue. Tout de suite, le rythme s’accélère, la tension remonte, et le public est de nouveau happé par le sujet, curieux d’entendre ce que chacun, du lanceur d’alerte américain John Kiriakou à l’acteur britannique Jude Law, aurait à dire.

Le film se clôt sur un discours de la jeune Niamh, autour de la capacité de chacun à dire non et à protester contre la surveillance et le vol de données. Si la jeune fille touche par sa joie nerveuse devant les applaudissements de l’équipe du film une fois le mot de la fin prononcé, le fond de son discours n’achève pas de satisfaire le public, qui sort de là admiratif du travail accompli par un réalisateur de cet âge, mais encore sur sa faim quant à la réflexion menée.

 

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Auteur·e

etageres