Crédit:

«Les Pépites» de Xavier de Lauzanne

Un émouvant documentaire sur un couple terriblement attachant et qui force le respect : Marie-France et Christian des Pallières, fondateurs de l’ONG «Pour un sourire d’enfant» au Cambodge.

Enfant, Christian des Pallières vivait dans les environs de Saint-Lô, dans le château de famille. Lorsque la Seconde Guerre Mondiale éclate, son père les conduit, Christian, ses frères et sœurs et leur mère, dans un abri souterrain construit pour les protéger des bombardements. Lorsque la famille en sort, elle découvre le château incendié, détruit, ravagé.

C’est alors que se produit en Christian un déclic. En voyant anéanti le symbole de ce qui était pour lui la famille, il comprend que sa vie n’est pas dans la sédentarité, mais qu’il est et sera un nomade.

Trente ans plus tard, désormais marié à Marie-France et père de cinq enfants, il décide de partir sur les routes du monde avec sa petite famille, en caravane jusqu’à Katmandou, en passant par Téhéran ou Bagdad.

L’âge de la retraite venu, Marie-France et Christian partent visiter le Cambodge. Là, ils découvrent l’horreur sur une immense décharge publique de Phnom Penh : des milliers d’enfants y travaillent tous les jours, se nourrissant de détritus et tentant de trouver parmi les immondices les quelques matériaux qu’ils pourront revendre pour trois fois rien. C’est la génération post-Khmers rouges, les enfants de ceux qui ont subi les pires atrocités durant les années 70, et qui sont devenus des parents alcooliques d’une violence extrême, qui ignorent ce qu’est l’amour et sont incapables d’en manifester à leurs petits.

Pour un sourire d’enfant

Pour les des Pallières, c’est tout simplement insupportable, et ils décident d’agir. Avec les quelques fonds qu’ils récoltent auprès de leur entourage, ils commencent par construire une petite paillote pour permettre aux enfants de manger à l’écart des immondices et de recevoir un repas digne de ce nom. Puis, petit à petit, eux qui n’avaient jamais été propriétaires, achètent un terrain et font construire un bâtiment à un kilomètre à vol d’oiseau de la décharge – assez près pour que les enfants puissent y venir à pied, assez loin pour que les mouches et l’odeur de la fange ne les y suivent pas : ce sera « Pour un sourire d’enfant« , les locaux de l’ONG qui offre refuge, éducation et formation à ces petits Cambodgiens au ban d’une société rongée par la pauvreté.

On pourrait craindre, à lire le pitch de ces «Pépites», de se voir offrir un documentaire misérabiliste et empli de bons sentiments. Non : «Les Pépites» est le portrait d’un couple admirable de bonté et de modestie, de simplicité et de gentillesse, un couple qu’on aimerait connaître, fréquenter, à la mission duquel on aimerait œuvrer. Marie-France et Christian des Pallières nous racontent, avec une sincérité et une bonhomie qui nous va droit au cœur, leur parcours, leur indignation, leur émotion et les liens qu’ils ont tissé avec ces enfants de Phnom Penh. Lorsque les larmes viennent à Marie-France, à l’évocation de certains souvenirs, Christian, également touché, rit simplement: «Ah bah v’là autre chose!…»

Une galerie de portraits d’enfants devenus aujourd’hui adultes racontent ce que «Papy et Mamie» sont pour eux : le vent qui permet aux feuilles de quitter le sol boueux pour voler vers le ciel, ainsi que le représente le dessin d’un des petits protégés. Le thème principal de la bande originale, jolie mélodie au piano, revient peut-être un peu trop souvent, et l’on aurait sans doute pu se passer de quelques rares effets de caméra qui s’accordent mal avec la véritable simplicité émanant de Marie-France et Christian, mais Xavier de Lauzanne signe ici un film touchant, intelligent, autour d’une vraie, belle œuvre, et de deux personnes d’exception.

Les-pépites-photo-11-©-DR - Christian des Pallières

 

Le site du film

Le site de l’ONG « Pour Un Sourire d’Enfant »

 

Partagez

Auteur·e

etageres