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"Tout en haut du monde"

Ce film d’animation français réalisé par Rémi Chayet et produit par Sacrebleu Productions est une bien belle occasion de découvrir le lauréat du Prix du Public du Festival du Film d’Animation d’Annecy.

 

1882.

Sacha, 15 ans, jolie jeune fille à la chevelure blonde, est la seule enfant d’un couple d’aristocrates russes.

Mais c’est de son grand-père le fameux explorateur Oloukine, parti il y a deux ans « tout en haut du monde », à la conquête du Pôle Nord, qu’elle tient véritablement.

Depuis, il n’est jamais reparu, non plus que son navire, le Davaï, un brise-glace pourtant insubmersible, pour lequel le Tsar a promis une récompense d’un million de roubles à qui le retrouvera. Les recherches, hélas, sont restées vaines.

Mais en ce jour de réception à la demeure des Tchernelsov, alors que Sacha doit s’apprêter à ouvrir le bal avec le Prince Tomsky, protégé du Tsar, la jeune fille découvre, en fouillant dans de vieilles affaires, les notes oubliées de son grand-père, qui indiquent une route bien différente de celle que l’on a toujours supposé qu’il avait prise.

Ce serait donc la raison pour laquelle il serait demeuré introuvable ! Sacha n’a alors plus qu’une idée en tête: partir à la rencontre d’Oloukine, le retrouver avant que le terrible hiver qui a pu les épargner jusqu’à présent ne s’abatte sur le Grand Nord.

 

«Tout en haut du monde» est un film d’animation pour enfants, qui saura séduire toutes les générations.

Sur les traces d’Oloukine, nous avançons avec Sacha à travers la Russie puis le Grand Nord, depuis les grandes avenues de Saint Petersbourg jusqu’aux ports de l’Arctique en passant par le quai de petites gares perdues dans la campagne sibérienne.

Notre jeune héroïne est une jeune femme courageuse, intelligente, et sympathique, à laquelle on se lie immédiatement d’empathie. Par l’injustice dont elle est souvent victime, la détermination qu’elle montre pour se tirer d’affaire, la jugeotte dont elle fait preuve et l’attachement qu’elle porte à son admirable grand-père, elle conquiert le cœur des petits et des grands.

Très bien écrit, le film prend garde de parler à tous. Les dialogues sont réalistes, fins et empreints d’humour, et les voix françaises qui viennent donner vie aux personnages, parfaitement choisies (notamment le timbre chaud de Christa qui prête sa voix à Sacha). Les désirs de chacun sont clairement établis et matérialisés, et les conflits riches, divers, et prenants.

Le dessin particulier de Rémi Chayé, qui se fonde sur des aplats de couleur, inscrit le film dans une esthétique singulière, qui nous permet d’entrer plus profondément encore dans cet univers hors du temps, cette aventure qui tient des classiques de la littérature du dix-neuvième siècle.

On notera la manière avec laquelle la lumière est traitée dans le dessin, comme lorsqu’elle tombe du ciel pour venir se poser ça et là sur la mer calme, ou que les rayons obliques du soleil viennent éclairer par endroits le sommet des glaciers entre lesquels nos aventuriers doivent se frayer un passage.

Certaines ellipses narratives permettent au récit de ne jamais perdre de son rythme, mais de toujours rester prenant, passionnant, y compris pour les plus jeunes.

Le fait de suivre une jeune femme d’origine aristocratique dans son apprentissage d’une vie rude de marins explorateurs de l’Arctique constitue un parti pris fort et intéressant, et les auteurs parviennent à éviter clichés ou facilités, mais nous livrent un récit solide, entraînant et porteur de sens.

Seul le choix qui a été fait de travailler avec Jonathan Morali (compositeur du groupe Syd Matters et de plusieurs musiques de films) pour la bande originale, dans une volonté du réalisateur d’aller à l’encontre d’une musique de films aux sonorités trop russe ou trop typées « film d’aventure », pourra gêner certains.

Mis à part ce détail, qui reste subjectif, «Tout en haut du monde» est un bien beau film d’animation, héritier des récits de Jules Vernes ou de Jack London, que l’on prendra plaisir à voir et à revoir.

Tout en haut du monde de Rémi Chayé

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Auteur·e

etageres