Crédit:

Elixir contre la terreur (Dakar 2015)

Je n’avais pas encore pu écrire après les attentats qui ont touché Beyrouth, Paris et Bamako le mois dernier. C’est désormais chose faite grâce à RFI et Mondoblog, Ziad Maalouf et Simon Decreuze, Manon Mella et Melissa Barra, qui nous ont organisé une savoureuse semaine de formation à Dakar.
L’occasion pour 75 d’entre nous de nous rencontrer, et d’enregistrer ensemble une émission radio autour de 2015 et 2016, entre bilan et espoir, regard critique et rêves d’une année nouvelle…

Voici ma petite contribution aux « Marchandes de rêves » radiophoniques, en souvenir de cette semaine qui me fit, avant tout, un bien fou. Car passer dix jours en terre africaine avec une troupe de nouveaux amis venus des quatre coins de la francophonie, de Madagascar à Haïti en passant par l’Algérie, le Togo, l’Angola, Maurice, Paris ou le Sri Lanka, cela met du baume au cœur, du Senecao dans le lait en poudre, et des glaçons dans la vodka (Castel Night Club represent).

Maintenant que nous sommes (presque tous) de retour chez nous, voici quelques rêves à humer pour prolonger le bonheur de ces dix jours derniers…

« Élixir contre la terreur, élixir contre le fanatisme!

Bonjour Madame: viens voir! viens voir! Tu n’arrives plus à t’endormir le soir? J’ai l’élixir contre le terrorisme, la peur et les cauchemars.
Viens voir Madame, regarde ça! Dans chaque flacon! tu vois? un rêve.
Tu le sniffes avant d’aller au lit. Tu peux même faire des mélanges, si c’est ton truc.

Tu vois le beau violet, là?
C’est le rêve du véritable Dieu, le Dieu ami, de la fin de la crainte.
Dans son monde, plus personne ne dit « Oh my God » mais « Oh My Poto »!
« MonAmi Akbar »! « La ilaha ila Allié »! « Au nom du Soss et du Bro et du Saint Buddy »!

Tu pars bientôt en voyage? J’ai ce qu’il te faut mon amie. Pour les soirs où tu ne dors pas dans ton lit, où tu as peur du décalage, j’ai le rêve où tu as un superpouvoir. En tous lieux, en tous pays, tu parles la langue de ton interlocuteur. N’importe lequel. Partout. Tout le temps. A chaque fois et à n’importe quel moment. C’est la compréhension mutuelle et absolue, sans faille et sans limite.

J’ai aussi le songe orange, dans lequel les barbares et les ogres ont lâché les armes pour jouer de l’orgue de barbarie.
Ils n’ont plus vingt ou trente-cinq ans, mais les cheveux blancs, des rides au front, aux yeux, et aux coins de la bouche.
Ils sont vieux. On voit qu’ils ont beaucoup pleuré, beaucoup ri. On voit qu’ils aiment et qu’ils connaissent la vie.

Ça te convient pas? Qu’est-ce qu’il y a? Tu travailles trop? T’as pas la tête à ça?
Attends attends, regarde : le tout émeraude, tout irisé, là.
Dans celui-là les idées noires et les pensées sombres de chacun sortent par les oreilles, en pellicules de film.
Elles sont toutes prêtes, y a plus qu’à les projeter chaque soir, au ciné du quartier. La séance est gratuite, ouverte à tous, et au lieu de se taper dessus et de se trucider, on fait de la critique cinématographique: on débat, on analyse, on explique.

J’ai aussi un rêve érotique! Y a plus de frontières, plus de pays ! Plus de ville, de village, de quartier, d’épicerie. Le monde n’est qu’un seul et gigantesque lit, et l’humanité, une joyeuse orgie.
Tu te réveilles crevée, ma sœur, mais ravie!

Et enfin pour les nuits les plus noires, je te le sors de derrière les fagots, juste pour tes beaux yeux ma jolie.
C’est le rêve où tu marches tranquillement dans la rue un vendredi soir pour rejoindre des copains, quand devant toi surgit un fou, venu se faire sauter. Ton cœur s’arrête.
Il va pour actionner sa ceinture et tu penses que ça y est, c’est terminé. Mais au lieu d’une explosion, c’est un retour en enfance qui se produit.
Le fou est là, devant toi, sur le bitume, c’est un bébé, et tu peux le prendre dans tes bras et t’en occuper.

Il te plaît celui-là? Parfait!
Je te l’emballe, ma sœur, c’est pour offrir ? Tu rajoutes 2000 francs CFA tu as le dream catcher assorti! Tu vois? Le beau filet pour retenir les rêves.

Quand tu ouvres les yeux le matin, avec un peu de chance, ils y sont restés accrochés, et tu peux alors tenter de les vivre éveillée… »

 

Elixir contre la terreur - marché Dakar
Élixir contre la terreur

Pour écouter l’intégralité de lémission l’Atelier des Médias diffusée le samedi 12 décembre 2015 (« Elixir contre la terreur » à partir de la dixième minute):

Partagez

Auteur·e

etageres