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So many women so little time

Ça  va, elle ne rêve pas de lui.

Il s’en va déjà, il la quitte, il part, sa chaleur s’éteint, laissant place à la sienne, à sa peau, seulement mouillée par le soleil.

Son ventre le laisse partir, deux jours durant, et les battements de son cœur résonnent encore en elle, alors il se noue à son corps et à son insu, provoquant douleurs et crampes.

Mais il faut bien se rendre. Et ce matin, elle n’a plus mal. Il faudrait le raconter de manière objective, en faire un scénario, le troisième œil, les faits: elle, mais désincarnée. Au lieu de se déshabiller. Pourquoi cette pudeur, pourquoi?
Pour ne pas attiser la flamme, pour ne pas rendre ardents les charbons. L’est-elle, ardente? L’est-elle seulement?

Les hommes qui la font devenir chatte, ronronnante, rugissante, morsures, douces griffures le long des bras, du dos, entre les seins, sur la peau, la peau, ce prodige, mais ils ne se connaissent pas.
Des envies qui la dépassent, leurs halètements partagés, lèvres frôlées, respirer par sa bouche. Un constat comme un choc. Un abasourdissement et toujours toujours, une petite pointe de cinéma. Par moments.

Le goût du pull dans la bouche. Coton. Elle est allergique à la laine.

La manière qu’il a de la faire prisonnière, lorsque le fantasme devient réel et la conduit à l’abandon. Les mains jointes réunies en suppliante prière à un Dieu absent, à un homme dont le poids adoré l’écrase.

Le tumulte du cœur parcourant tout son corps et battant le tamtam sur le sien. Elle aurait pu rester ainsi la vie? des heures? Et il le savait bien.

Changement d’attitude – avant, après la visite à l’endroit magique, car il s’en trouve encore.
Le jeu de la femme gâtée, désirée, habituée, même si sincère. Un jeu vaniteux, non nécessaire, un jeu qui déjà ne lui plaisait plus.

Plusieurs manières d’appréhender ses « non ». Certains y voient un jeu, d’autres y croient dur comme feu, ça en fait rire certains et parfois, il y a en un ou deux pour évidemment l’entendre crier « oui ».

Le cria-t-elle? Non, sans doute pas… Mais elle fut surprise qu’il voie cela en elle, et touchée, de comprendre pourquoi.

Une nuit.

Un mur.

Un mois de juin.

 

"So Many Women, So Little Time"- copyright: Jan Saudek
« So Many Women, So Little Time »- copyright: Jan Saudek
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Auteur·e

etageres